La réalité en affaires est très prenante, les défis sont multiples et l’inconnu est partout autour de nous. L’imprévisibilité est autant stimulante que déstabilisante, et les ressources pour y faire face sont toujours puisées à même notre réservoir personnel. C’est bien là l’enjeu; tout part de nous lorsque nous sommes entrepreneur : les idées, le leadership, l’audace, la ténacité, les solutions, l’engagement, etc. Comme nous vivons dans un contexte toujours mouvant et rarement linéaire, le stress est donc tout à fait normal et justifié. Or, est-il bien accueilli dans l’écosystème d’affaires?
Le bon stress contre le mauvais stress
Gérer une entreprise signifie prendre de multiples décisions au quotidien, lesquelles peuvent avoir des conséquences durables sur la vie de notre entreprise, sur celle de notre équipe et sur la nôtre. À certains moments, nous pouvons ressentir de l’exaltation à l’idée de voir notre projet se réaliser ou de l’adrénaline par rapport à une performance que nous devons livrer – il s’agit alors d’un « bon » stress, celui qui propulse, qui catalyse. D’autres fois, nous pouvons ressentir une pression ou une anxiété causée par la peur d’échouer, par la fatigue accumulée, par le manque de ressources et par la recherche de solutions qui tarde à porter fruit… Là, nous parlons de stress nocif pour la santé. Les effets de l’hormone du stress, soit le cortisol, affectent à long terme notre organisme et se manifestent dans notre corps : augmentation de la pression artérielle et du risque de maladies cardiaques, problèmes gastro-intestinaux, maux de tête, de cou et de dos, etc.). Le cortisol peut aussi favoriser les comportements malsains et les dépendances. Dans l’invisible, le stress se traduit souvent par l’irritabilité ou l’agressivité, par un sentiment de perte de contrôle, par de l’insomnie, par de l’épuisement, par des troubles de concentration, par des pleurs, etc.
Le problème de la culture
La persévérance et la passion qui guident une personne dans la réalisation de ses objectifs à long terme seraient deux traits de caractère également associés à la résilience, à la visualisation d’un but et à la tendance à voir l’échec comme une occasion d’apprentissage, selon les travaux de la psychologue américaine Angela Lee Duckworth. Le lien entre la ténacité, la volonté d’entreprendre et le succès a été relevé dans plusieurs études. Les personnes tenaces auraient tendance à se donner plus de temps pour la formation et à adopter un état d’esprit axé sur la croissance; elles se fixent des objectifs et déploient les efforts nécessaires pour les atteindre. Au Canada, les résultats d’études de la BDC relatent des taux alarmants d’anxiété et de dépression chez les entrepreneurs, deux affections directement liées au stress chronique. La ténacité soulignée par Duckworth est effectivement très favorable au succès, mais elle induit également une pression soutenue, une performance de tous les jours qui est glorifiée, autant de l’extérieur que dans le monde entrepreneurial et la société en général. Cette image de « l’entrepreneur superhéros » est plus régulièrement montrée et valorisée publiquement que celle de l’entrepreneur qui vit des hauts et des bas et qui peine à garder le cap sur sa santé mentale. Nous parlons des histoires à succès en mentionnant que les entrepreneurs ont déjà connu des périodes difficiles, mais nous n’interviewons pas ceux qui sont dans un creux de vague et qui luttent pour garder la tête hors de l’eau. Une partie du problème vient de là, c’est-à-dire qu’il demeure tabou de parler de santé mentale, d’afficher notre vulnérabilité et de dégager les ressources et le temps nécessaires pour aller chercher de l’aide.
Comment prendre soin de nous?
Le stress peut donc affecter notre sommeil, notre capacité de raisonnement, notre perception du bonheur ainsi que notre aptitude à décrocher ou à lâcher prise. Le hic, c’est que ces éléments sont essentiels à une meilleure gestion du stress en soi. Ainsi, comment briser la roue pernicieuse? En affaires comme dans notre vie personnelle, c’est à nous que revient la responsabilité de prendre soin de nous.
Nous comprenons donc que le premier pas consiste à reconnaître les symptômes de stress et à les accepter malgré la pression silencieuse vécue en société par rapport à la performance élevée inhérente à l’entrepreneuriat. Ensuite, il faut mettre en place des éléments de bien-être pour contrebalancer les stresseurs, advenant que nous ne puissions les réduire ou les éviter. Nous faire masser régulièrement, pratiquer le yoga, la méditation et la visualisation positive, instaurer une hygiène de sommeil suffisante, nous adonner à un loisir chaque semaine et faire de l’activité physique fréquemment sont autant de moyens reconnus pour diminuer le stress. L’idée est surtout d’arriver à décrocher et à prendre une pause de la réalité entrepreneuriale en concentrant notre attention et nos pensées sur autre chose, soit quelque chose qui recharge nos batteries, qui nous apaise et qui nous fait du bien.
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